BOOST : La vérité est ailleurs

Mercredi 10 Mai se tenait une réunion extraordinaire du CCE dédiée au projet BOOST. Lors de la session ordinaire des 27 et 28 avril, les élus avaient refusé d’être consultés sur ce projet devant l’absence d’éléments importants leur permettant de rendre un avis éclairé (Business plan, montant des frais de lancement de Boost, montant des investissements dans les cabines des A340 et des A320, etc.…).

La direction n’a cessé de temporiser depuis plusieurs semaines car elle jouait une autre partie avec les pilotes, seuls à même d’autoriser ou non Air France à lancer une filiale (en vertu des accords de périmètre en vigueur).

Après avoir annoncé la fin des négociations avec les syndicats de pilotes, la direction a fourni une nouvelle série d’éléments à peine quelques jours avant cette session de CCE extraordinaire. Ces éléments n’ont pas convaincu.

Les élus ont été consultés et le résultat est sans appel : unanimité contre le projet Boost. La direction n’a pas réussi à rendre crédible son projet dont le très faible niveau d’économies attendu d’ici 2020 ne justifie pas la création d’une filiale. Ces économies pourraient largement être trouvées en lançant cette nouvelle compagnie en interne.

Qu’à cela ne tienne, la direction continue et annonce à la presse qu’elle lance officiellement BOOST, alors même que les syndicats de pilotes n’ont toujours pas validé le projet d’accord.

Cette attitude a de quoi nous faire relativiser la portée du projet Ambition RH qui prône de nouvelles pratiques pour un dialogue social apaisé !

Un item de l’accord proposé aux pilotes qui pose questions

Les élus de la session ont pris connaissance d’une disposition très particulière figurant dans le projet d’accord proposé à la signature des syndicats de pilotes : un mécanisme de pénalités financières versées aux pilotes si Air France ne respecte pas un certain niveau d’activité (en offre et en heures de vol) !

En résumé, si la direction ne respecte pas ses propres engagements de croissance de l’activité Air France, elle dédommagera ses seuls pilotes. On croit rêver devant ce qui apparait clairement comme une augmentation de revenus déguisée !

Les syndicats de pilotes demandent un rééquilibrage de l’activité Air France vis-à-vis de KLM qui voit son offre s’envoler depuis 3 ans alors que celle d’Air France stagne, voire régresse. La CGT soutient cette demande car derrière la croissance de l’activité, il y a des emplois.

La direction propose aux pilotes un accord très ambitieux puisqu’Air France devra faire environ 4 % de croissance annuelle. Or, dans Trust Together, la croissance ambitionnée pour le groupe Air France (AF + Transavia +Hop + Boost) est de 3 % par an.

La direction prévoit par conséquent de verser dès 2018 une compensation financière aux pilotes ! Ce n’est pas un procédé loyal vis-à-vis des personnels au sol et des PNC.

Ces pénalités vont grever d’autant les maigres économies attendues par le projet Boost (25 millions d’euros d’ici 2020).

La vérité est donc ailleurs

Air France tente par tout moyen de renvoyer l’image d’une compagnie qui bouge, qui innove, qui se réforme, qui avance. Les marchés financiers aiment ces histoires et les récompensent d’une hausse du prix de l’action.

L’objectif en filigrane est de faire monter le cours de l’action AF/KLM dans une fourchette comprise entre 12 et 14 euros pour réaliser une augmentation de capital, jugée inéluctable depuis plus de 3 ans. Juniac l’évoquait déjà lors de son passage à la tête du groupe.

En ce sens, Boost ressemble donc plus à un projet à visée financière qu’à un projet opérationnel. Malheureusement.

La CGT maintient que la création d’une nouvelle compagnie plus innovante destinée à une clientèle plus jeune et plus connectée (les 18-35 ans appelés « Millenials ») peut faire sens.

Cependant, nous croyons fermement que ce projet doit être réalisé en interne, au sein d’Air France. Les salariés Air France ne doivent pas être privés d’un outil destiné à reprendre le chemin de la croissance, eux qui évoluent dans une entreprise en sévère repli depuis plusieurs années.

Les maigres économies attendues couplées à un fort risque social rendent la viabilité du projet plus qu’incertaine.

Il convient également de faire attention à ce qu’Air France ne soit pas exclue des innovations qui semblent promises à Boost, notamment le wifi à bord.

Quant au procédé social qui consiste à ne discuter qu’avec les pilotes sans même écouter les autres catégories de personnels, ce sont des pratiques d’un autre temps qui doivent cesser.

Si les PNC sont d’ores et déjà les grands exclus du projet Boost, rien à ce stade ne nous garantit que ce sont les salariés du sol qui traiteront l’activité, la direction refusant de s’engager clairement.

Pour la CGT, une externalisation des charges de travail Boost serait un casus belli. Nous attendons des garanties sur l’emploi sol.

A son lancement, le projet Boost a suscité un certain espoir dans l’entreprise. Au fil du temps, cet espoir a fait place à un grand scepticisme observé lors du vote en session de CCE. Plutôt que d’entendre le message unanime et revoir son projet, la direction choisit de mettre ses œillères et de foncer. Chacun(e) appréciera ce « dialogue » social et ce passage en force…

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