Cette année démarre dans un contexte particulier où le droit du travail est fortement attaqué. Il est important de retrouver et de développer nos principes de solidarité pour la défense de nos intérêts communs.
En ce sens, 2018 représente une année charnière à plusieurs titres :
• Au plan national : les ordonnances Macron réforment en profondeur le droit du travail et offrent aux dirigeants d’entreprises toute une palette de possibilités pour détruire le droit du travail (licenciements collectifs sans motif, baisse des rémunérations, dégradation des conditions de travail, disparition des CHSCT et fusion des instances de représentation des salariés, …)
• Au niveau d’Air France : la réduction du périmètre d’activité interne via l’externalisation de charges AF vers la sous-traitance, le dumping social au sein du groupe (Transavia France, Joon, Bluelink…) et les risques sur l’emploi Air France.
• L’annonce de la privatisation d’ADP représente un risque important pour Air France et ses passagers (non maîtrise des augmentations des redevances et taxes aéroportuaires) et pour les salariés d’ADP (emplois, conditions de travail). Aujourd’hui, l’Etat majoritaire au capital reste un garde-fou, certes imparfait, mais qui protège notre entreprise des appétits insatiables du privé, notamment de Vinci et consorts.
Il est savoureux de noter que le PDG d’Air France-KLM a déclaré que la privatisation d’ADP posait un problème. Serait-il favorable au maintien d’ADP dans le giron national ?
Dans l’entreprise, deux sujets occupent actuellement l’espace de discussions :
1. Nouvel accord d’intéressement
Un nouvel accord couvrant la période 2017-2019 a été signé par 3 syndicats sol à l’été 2017 (CFDT, CFE-CGC, UNSA), il permet aux pilotes de toucher en moyenne une prime d’intéressement 5 fois supérieure à celle des salariés sol. On se délecte en se souvenant de la grève des pilotes de 2014 contre laquelle ces mêmes syndicats s’étaient élevés, considérant les pilotes comme des nantis capricieux et destructeurs de l’entreprise !
La CGT, quant à elle, a refusé de signer l’accord principalement pour 2 raisons :
• Les primes d’intéressement sont proportionnelles aux niveaux de salaires, ce qui constitue pour nous une injustice profonde. Nous revendiquons une prime uniforme, ce qui porterait l’intéressement entre 2500 et 3000€ pour chaque salarié-e.
• L’indicateur de NPS (Net Promoter Score =Satisfaction client), défini par l’employeur pour déclencher une tranche d’intéressement, n’est pas à la main des salariés. La satisfaction de nos passagers dépend de beaucoup de facteurs qui échappent aux salariés Air France (contrôle aérien, catering, état cabine, turbulences, avarie…).
L’employeur a convoqué toutes les syndicats fin 2017 pour négocier un avenant à l’accord d’intéressement, pourtant fraîchement signé, en raison de sa non homologation par la Direccte (direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi) !
Celle-ci considérait que l’accord d’intéressement tel que ficelé correspondait à un accord salarial qui entraînait de fait un prélèvement de cotisations sociales salariés et patronales. Ce à quoi la direction s’est catégoriquement refusée !
Celle-ci a donc revu sa copie en proposant un avenant, signé par les mêmes syndicats. La menace, ou l’excuse,
brandie par les signataires ? « Si nous ne signons pas il n’y aura pas d’intéressement ! ».
Qui peut imaginer un seul instant que la direction osera ne rien distribuer alors qu’elle a déjà communiqué sur les montants approximatifs d’intéressement ? Nous vous laissons relativiser la portée de ce que la direction et ses
signataires appellent un bon accord…
2. Facilités de transport (GP)
Suite à la tentative de mise en place du projet Rise & Fly par l’entreprise (vente aux enchères de billets une semaine avant le vol), un front intersyndical s’est mis en place. Ce projet, qui condamnait de facto les voyages de salariés en R2, a été retiré par la direction.
Cependant, les problèmes concernant nos GP ont atteint ces derniers temps un niveau insupportable pour les salariés (Prix des GP, accessibilité, accès à bord des Cars Air France devenus Bus Direct, …).
Une intersyndicale regroupant 90 % de syndicats PS et PN a donc exigé de la direction l’ouverture de négociations avant la fin de l’année 2017. Une première réunion s’est tenue et l’ensemble des syndicats a pu exposer les problèmes rencontrés par les salariés et retraités Air France ainsi que ses revendications.
La CGT a notamment porté les revendications suivantes :
• Pas un tarif R1 supérieur à l’offre commerciale, même promotionnelle, d’Air France.
• La clarté sur les billets Direction, leur nombre et que ce ne soit pas la compagnie qui paie la note, sinon la même procédure doit être appliquée pour tous les salariés.
• Intégrer TRANSAVIA dans GPNET et autoriser les réservations sur 10 mois glissants.
• Rouvrir des places R1 au dernier moment quand des places sont disponibles.
• L’alignement des prix des R1 et R2 sur les barèmes URSSAF (ex : PAR-MEX-PAR = 270 € en R1 barème URSSAF contre 359,18 € R1 AF ou PAR-LIS-PAR = 50 € en R1 barème URSSAF contre 108,55 € R1 AF).
• L’harmonisation des procédures lors de l’instruction de dossiers d’anomalies.
• GP enfants au-delà de 26 ans.
• Accès aux Bus Direct gratuitement, comme c’était le cas avec les Cars Air France que l’entreprise a revendus à une filiale de la SNCF (Keolis) qui l’exploite pour le compte d’Aéroports de Paris depuis mai 2016.
• Facilitation d’embarquement RN/R2 pour les navigants en mission.
Aujourd’hui, il est hallucinant de constater que de nombreux salariés Air France voyagent sur des compagnies concurrentes. Il est fréquent de trouver des tarifs inférieurs à ceux de nos billets R1 sur d’autres compagnies ou même pire, sur notre propre compagnie qui vend des billets à tarifs promotionnels.
Il est inacceptable de constater que nous, salariés Air France, sommes considérés comme des freins à la recette des vols alors que nous participons activement à la création des richesses de l’entreprise.
L’accès aux GP dans de bonnes conditions est un juste retour et participe à la rétribution de notre investissement quotidien.
Cette négociation vient de s’ouvrir, nous sommes en attente d’un calendrier. Nous vous tiendrons bien évidemment informés et n’hésiterons pas à faire appel à vous si la direction ne joue pas le jeu des négociations.