La direction Air France a, depuis les 20 dernières années, régulièrement modifié les contours des Comités d’Etablissements : 17 puis 20 puis 8 puis 7 CE !
Ces découpages successifs n’ont jamais impacté les Activités Sociales et Culturelles proposées aux agents. Le CCE recevait directement la subvention de la direction, reversait une partie à chaque CE pour les activités décentralisées et gérait l’autre partie en mutualisant les vacances familles et jeunes pour l’ensemble des agents et leurs familles. Grâce à ce système, la solidarité et l’équité étaient préservées.
Suite à la volonté de la direction d’effectuer un redécoupage à 7 CE, seule la CGT Air France s’était positionnée pour la création d’un CE unique, seule solution permettant d’éviter les inégalités entre navigants et salariés sol.
Rappelons que la décision du bureau du CE des navigants de supprimer la subvention dite de solidarité (9 millions d’euros annuels !) dédiée aux CE Sol depuis l’inversion des flux en 2003 et leur départ définitif du CCE en 2011, avait déjà aggravé la situation financière de ce dernier. Malgré cela la CGT, seule, avait redressé le CCE.
Durant le mandat de la CGT au CCE de 2011 à 2015, rien ne lui a été épargné : appel à un mandataire, placement en procédure de sauvegarde du CCE puis placement en redressement judiciaire.
Grâce au travail de la CGT, le CCE a été sauvé et redressé. Cela a d’ailleurs été salué par FO, Sud Aérien, UNSA et CFDT qui nous ont renouvelé leur confiance en nous plaçant aux commandes du CCE en mars 2015.
Aujourd’hui, la majorité des secrétaires de CE (personnel au sol) et leurs syndicats veulent imposer un accord issu des recommandations d’un ancien DRH d’Air France !
Cet accord ramènerait le rôle du CCE à un simple prestataire de service « low-cost » permettant aux CE de récupérer de la subvention. Cette démarche s’inscrit dans une logique de chacun pour soi et d’électoralisme.
Le CE DGI via son secrétaire, élu Sud Aérien, a commencé le premier, en utilisant l’inversion des flux* de subvention comme une arme à retardement contre le CCE pour peser plus lourd dans la négociation par le chantage.
Les autres secrétaires de CE ont alors embrayé, chacun étant décomplexé par la position de Sud Aérien qui jusqu’ici était farouchement opposé à l’inversion des flux*, comme à la vente du patrimoine !
Le résultat : le CCE doit renoncer à un quart de son budget, entraînant de facto un futur plan social.
Il se voit dans le même temps contraint de vendre la quasi-totalité de son patrimoine (hormis 6 centres), de diminuer ses offres Vacances Jeunes/Vacances Familles, de décentraliser une partie de ses activités sociales vers les CE : l’ASAF, les subventions Secours, Petite Enfance et l’Arbre de Noël.
Les CE devront reverser plus de subventions pour conserver le même niveau d’offre. Les pré-acheminements Vacances Jeunes Province-Paris seront à la charge de chaque antenne locale (ACP). Il en est de même pour les salariés de DOM.
Dans ce contexte, le CE Point-à-Point (Orly et les provinces), loin d’être le plus riche, serait le seul CE à devoir cotiser plus et donc à accepter une baisse significative de sa subvention.
Pour rappel, la richesse d’un CE se mesure à la masse salariale de son périmètre. Le périmètre du CE Point-à-Point est celui qui compte une majorité de bas salaires et très peu de cadres.
Comment peut-on demander à un CE de se retrouver quasiment sans subvention ?
Que pourraient penser les personnels du Point-à-Point d’une alliance syndicale, CGC-FO-UNSA-CFDT, capable de brader leur héritage et d’en faire les parents pauvres d’Air France ?
La CGT, syndicat majoritaire au Point-à-Point, a été élue sur un programme, un projet et des valeurs. Les salariés qui lui font confiance méritent autre chose que ce traitement et ce mépris.
Si cette alliance compte appliquer son plan, elle devra alors prendre ses responsabilités : nous débarquer et aller s’expliquer devant les salariés !
Nous affirmons que cet accord, s’il est signé en l’état, mènera le CE Point-à-Point tout droit à sa perte.
De plus, il sert à accompagner la volonté de la direction d’Air France de « lessiver » les provinces.
Par ailleurs, au CE HUB, le bureau CGT actuel, opposé au processus d’inversion des flux, est en passe d’être débarqué par l’alliance opportuniste des autres syndicats !
Il existe pourtant d’autres solutions, d’autres modèles de répartition des subventions plus équitables et socialement solidaires. Encore faut-il en avoir la volonté !
En 70 ans d’existence, les Comités d’Entreprises, nés du Conseil National de la Résistance en 1946, ont permis aux salariés et à leurs familles d’accéder aux vacances, aux activités culturelles tandis que les élus des salariés ont pu exercer leur contrôle de l’activité économique des entreprises.
Les élus CGT, forts de cette histoire et de cette identité, ne pourront JAMAIS voter des accords allant à l’encontre de l’intérêt général. Ils se posent en gardiens des valeurs de solidarité et de partage que la pensée dominante actuelle voudrait faire passer pour archaïques et révolues.
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(*Inversion des flux : Mécanisme anti-solidaire qui permet à chaque CE de recevoir sa part de subvention de la direction Air France en fonction de la masse salariale des personnels Air France de son périmètre. Auparavant, le CCE percevait la totalité de la subvention correspondant à la masse salariale des personnels PN/PS de l’entreprise et la redistribuait équitablement entre les différents CE.)